LE MOT DU GÉRANT

LE MOT DU GÉRANT

Aux États-Unis, les créations d’emplois ont déçu dans un environnement économique qui reste cohérent avec un scénario de réouverture. L’accélération de l’inflation est pour l’instant très liée à des facteurs temporaires et la Fed(1) maintient un discours accommodant. En Chine, les statistiques économiques sont mitigées mais le secteur exportateur reste très dynamique. Le rythme de la vaccination a nettement accéléré au cours des dernières semaines. Et en zone Euro, les chiffres de croissance du premier trimestre montrent un impact toujours présent des restrictions sanitaires. Leur levée partielle devrait toutefois permettre un fort rebond de l’activité au deuxième trimestre.

Document rédigé le 26 mai 2021

ZONE EURO : VERS UN FORT REBOND DE L’ACTIVITÉ

La publication des chiffres de croissance pour le premier trimestre montre un impact toujours présent des restrictions sanitaires. Le PIB(2) de la zone euro s’est contracté de 2,5% en rythme annualisé au premier trimestre pour s’établir 5,5% en dessous de son niveau du quatrième trimestre 2019. Il recule de 6,6% en Allemagne, de 1,6% en Italie et de 0,5% en Espagne. Le PIB(2) français progresse de 1,8% grâce au rebond de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises, ce qui porte la baisse d’activité à -4,4% par rapport au niveau pré-crise.

Dans son point de conjoncture mensuel, la Banque de France estime que l’activité serait retombée à -6% en avril du fait du renforcement des mesures sanitaires et en particulier de la fermeture des commerces non-essentiels sur tout le territoire. Elle reviendrait à -4% en mai avec la levée partielle des restrictions à partir du 19 mai, notamment l’extension du couvre-feu à 21 heures, la réouverture des commerces non-essentiels, des terrasses, des musées, des cinémas et des théâtres avec des jauges limitées.

Les restrictions sont également assouplies de manière significative en Allemagne. Contrairement, à la France, l’Allemagne ne suit pas un calendrier bien défini. L’évolution des mesures dépend du taux d’incidence dans les différentes régions et dans la quasi-totalité d’entre elles celui-ci est repassé en dessous du seuil de 100 à partir duquel les mesures sont renforcées. Cela implique notamment un allègement des mesures touchant les commerces essentiels, une réouverture des terrasses et des établissements culturels ainsi que la fin du couvre-feu.

L’assouplissement des mesures sanitaires dans la plupart des pays de la zone euro devrait permettre un fort rebond de la croissance et de l’emploi au deuxième trimestre, comme le montre l’expérience du troisième trimestre 2020. Les chiffres d’Eurostat font état d’une baisse de 0,3% du nombre de personnes employées au premier trimestre, ce qui fait que 3,6 millions d’emplois ont été détruits depuis le début de la crise de la COVID-19.

Cette baisse de 2,2% par rapport au mois de décembre 2019 est comparable au point bas qui avait été atteint pendant la crise de 2008-2009 mais le choc d’activité en 2020 a été beaucoup plus fort. La mise en place de mécanismes de chômage partiel a permis de limiter les licenciements et l’ajustement des entreprises s’est davantage fait par la diminution du nombre d’heures travaillées.

Contrairement à ce que l’on peut observer aux États-Unis, l’inflation reste contenue dans la zone euro. L’indice des prix à la consommation était en hausse de +1,6% sur un an en avril et de +0,7% hors énergie et alimentation.

ÉTATS-UNIS : REPRISE DE L’ÉCONOMIE ET DE L’INFLATION

Le PIB(2) américain a progressé de +6,4% en rythme annualisé au premier trimestre pour revenir à seulement 0,9% de son niveau d’avant crise. La consommation a de loin été le principal moteur de la croissance, les chèques du gouvernement envoyés aux ménages en janvier et en mars ayant permis une hausse inédite de leurs revenus. L’investissement et la dépense publique ont également été des facteurs de soutien. À l’inverse, le commerce extérieur et le stockage ont pesé.

Les ventes au détail ont marqué le pas en avril, ressortant stables sur le mois au global et en baisse de 1,5% si l’on exclut les éléments volatils. Elles avaient toutefois enregistré un bond de 10,7% en mars, ce qui amène à relativiser cette correction. Les enquêtes ISM(3) se sont également modérées en avril mais à 60,7 dans le secteur manufacturier (-4,0 points) et 62,7 dans le secteur des services (-1,0 point), elles demeurent sur des niveaux élevés.

La principale déception porte sur les créations d’emplois d’avril. Alors que le consensus tablait sur près d’un million de nouveaux emplois créés, il n’y en a eu que 266 000. Plusieurs indicateurs laissent penser qu’il s’agit davantage d’un problème d’offre de travail que d’une pause dans la reprise. La hausse du nombre d’heures travaillées et la forte augmentation du salaire horaire (+0,7% sur le mois) pourraient en effet témoigner de difficultés à embaucher et les petites entreprises déclarent avoir des difficultés historiques à recruter.

Peut-être faut-il y voir les conséquences de la bonification de l’indemnisation chômage (300 USD par semaine) qui diminue l’incitation à retrouver un emploi. Ce dispositif doit s’éteindre début septembre mais l’administration Biden a déjà annoncé que les gens refusant un emploi ne pourraient plus toucher leur indemnisation chômage. Le gouvernement a également annoncé un plan de dépenses sociales financées par des hausses d’impôts sur les revenus les plus élevés qui doit encore être voté au Congrès.

L’autre grosse surprise concerne l’inflation. Elle a accéléré bien plus que prévu en avril pour atteindre +4,2% sur un an au global et +3,0% hors énergie et alimentation, du fait de la faible base de comparaison de l’année dernière et de la forte augmentation des prix sur le mois. Cela faisait 30 ans que l’inflation sous-jacente n’avait plus atteint +0,9% en rythme mensuel. Cette hausse s’explique pour moitié par l’augmentation des prix des voitures d’occasion, des billets d’avions et de l’hébergement, en lien avec les difficultés d’approvisionnement du secteur de l’automobile et la reprise du tourisme.

Le caractère temporaire de cette accélération ne devrait pas faire évoluer la position de la Fed(1) qui a maintenu le statu quo lors de sa dernière réunion de fin avril. Le Comité de politique monétaire a pris acte de la reprise tout en jugeant qu’il était encore prématuré de discuter d’une réduction du rythme des achats d’actifs. Le compte rendu de cette réunion indique que certains membres souhaiteraient toutefois engager la discussion si les progrès rapides de l’économie continuaient.

CHINE : DES STATISTIQUES ÉCONOMIQUES MITIGÉES

Les statistiques d’activité du mois d’avril étaient globalement inférieures aux attentes. En glissement sur un an, la production industrielle est passée de +14,1% à +9,8%, les ventes au détail de +34,4% à +17,7% et l’investissement de +19,4% à +10,9%. Ces chiffres sont difficiles à interpréter car les effets de base sont moins favorables mais les données ajustées des variations saisonnières montrent également un ralentissement par rapport au mois précédent, dans un contexte où la croissance du crédit continue de se modérer.

À l’inverse, les exportations restaient très dynamiques. Elles affichaient une hausse de +32,3% sur un an en avril après +30,6% en mars. Les importations étaient aussi très fortes avec une progression de +43,1% sur un an. Les enquêtes PMI(4) étaient de bonne facture et poursuivaient leur rebond entamé un mars. La moyenne des PMI(4) officiels et des PMI(4) de Caixin/Markit est passée de 51,3 à 51,5 dans le secteur manufacturier et de 55,3 à 55,6 dans le secteur des services.

La bonne nouvelle est la nette accélération du rythme de la vaccination sur les dernières semaines. D’après les données du site ourworldindata.com, le nombre quotidien d’injections était équivalent à 0,92% de la population le 18 mai contre 0,25% un mois plus tôt. À titre de comparaison, les États-Unis avaient atteint un pic à 1,01% mi-avril. Ce rythme de 0,92% correspond à 436 millions de doses injectées mais le détail des primo-vaccinations et des secondes injections n’est pas disponible. On ne connait donc pas le nombre de personnes vaccinées. En supposant que toutes les personnes vaccinées ont reçu deux doses, au moins 15,1% de la population est protégée. Si le rythme de la vaccination se maintenait, le pays aurait la capacité de vacciner pleinement l’ensemble de sa population d’ici à novembre prochain.

À noter que le Bureau National des Statistiques a publié les résultats de son recensement national qui est mené tous les dix ans depuis 1990. Le pays reste le plus peuplé du monde avec 1,41 milliard d’habitants en 2020, soit 72 millions de plus qu’en 2010. Le taux de croissance annuel moyen ne ralentit que modérément puisqu’il passe de 0,57% entre 2000 et 2010 à 0,53% entre 2010 et 2020. Contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, la population chinoise n’est donc pas encore en déclin. Il n’en reste pas moins que le dividende démographique est nettement moins favorable pour la croissance qu’il ne l’était par le passé. Dans leur scénario médian, les Nations Unies estiment que le pic démographique pourrait être atteint aux alentours de 2030.

(1)Fed : La Réserve fédérale (officiellement en anglais : Federal Reserve System) est la banque centrale des États-Unis.
(2)PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays. Indicateur économique principal de mesure de la PIB : Produit Intérieur Brut, indicateur des richesses produites par un pays. Indicateur économique principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d'un pays donné.
(3)ISM : Manufacturier, qui reflète la santé du secteur aux USA et services, plus spécifique aux activités tertiaires. Cet indice, évalué en pourcentage, résulte d'une enquête auprès de 400 entreprises portant sur des données telles que : indicateurs sur les nouvelles commandes, production, emploi, délais de livraison, prix, stock, commandes à l’export et l’import ...
(4)PMI : Les indices PMI sont des indicateurs de confiance qui synthétisent les résultats des enquêtes menées auprès des directeurs d’achats des entreprises. Une valeur supérieure à 50 indique un sentiment positif dans le secteur concerné. Il se décline en 3 sous-indices : Manufacturier, Service ou Composite (combine les deux).

Mis à jour le 31/05/2021

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