CORONAVIRUS ET PLACEMENTS FINANCIERS : QUE FAIRE MAINTENANT ?

CORONAVIRUS ET PLACEMENTS FINANCIERS : QUE FAIRE MAINTENANT ?

La tempête continue de sévir sur les marchés financiers. Emportée par l’épidémie du Coronavirus, la Bourse de Paris a chuté de près de 35% en un mois. Néanmoins, « Les investisseurs doivent garder le cap » estime Charles-Henri Kerkhove, directeur des Investissements au sein de l’équipe Multi-Asset de Fidelity. Par ailleurs, il serait « peu pertinent aujourd’hui de sortir des actions », considère Enguerrand Artaz, gérant chez La Financière de l’Échiquier (LFDE). Pour autant, est-ce le moment d’accroître son exposition aux actions ? Au travers de ces entretiens exclusifs, découvrez l’analyse, parfois divergente, de ces 2 grandes sociétés de gestion.

Interviews achevées de rédiger le 16 mars 2020 pour Fidelity International et le 20 mars 2020 pour La Financière de l’Échiquier.

COMMENT ÉVALUEZ-VOUS L’IMPACT DU CORONAVIRUS SUR L’ÉCONOMIE RÉELLE ?
Charles-Henri Kerkhove, Fidelity : Les conséquences du Coronavirus seront particulièrement marquées et devraient mener à une récession en Europe et aux États-Unis au deuxième trimestre. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions mais l’impact des mesures des banques centrales et surtout de la part des gouvernements sera primordial.


Enguerrand Artaz, LFDE : L’ampleur de l’impact demeure difficile à évaluer à ce stade, en particulier parce que les mesures de confinement n’ont pas encore été mises en place partout (aux États-Unis notamment) et que des mesures de soutien complémentaires sont probablement encore à venir. Une récession mondiale est toutefois inévitable cette année.


COMMENT AVEZ-VOUS ADAPTÉ VOTRE STRATEGIE DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE ?
Charles-Henri Kerkhove, Fidelity : Nous n’avons pas fait de changements majeurs au sein des portefeuilles. Nous mettons l’accent sur une bonne diversification par région et par classe d’actifs. Nos convictions à moyen et long terme sur les poches d’actifs priment par rapport à la volatilité du marché à court terme.


Enguerrand Artaz, LFDE : Nous avions un scénario optimiste en début d’année, que nous avons rapidement adapté dès les premières vagues de baisse. Ainsi les fonds d’allocations et multi-actifs de La Financière de l'Échiquier ont-ils adopté des biais globalement défensifs, de même que nos stratégies obligataires, tandis que les gérants actions ont fait preuve de prudence en n’effectuant des achats à bon compte qu’avec parcimonie.


EST-CE QU’IL Y A DES CLASSES D’ACTIFS REFUGES ?
Charles-Henri Kerkhove, Fidelity : Les valeurs refuges classiques comme l’or, les obligations d’État allemand, les bons du trésor américains ainsi que le Yen japonais jouent leur rôle en ce moment. À noter que le dollar américain s’affaiblit vu la baisse des taux de la Banque centrale américaine et sa cherté relative par rapport à la plupart des devises. Le dollar ne remplit donc pas son rôle de valeur refuge. Au niveau du marché des obligations d’État, un degré de discernement est également requis : les obligations souveraines de l’Italie, l’Espagne, la Grèce et du Portugal montrent à nouveau un important différentiel de taux par rapport aux obligations d’État allemand.


Enguerrand Artaz, LFDE : Si les obligations d’État ont été l’actif refuge par excellence au début de la crise, elles ne nous paraissent plus attractives aujourd'hui. Les annonces massives de soutien à l’économie vont notamment creuser les déficits et pourraient alimenter l’inflation, d’autant que les mesures de confinement sont inflationnistes par nature. Cela risque donc de faire remonter les taux. Dans ce contexte, les liquidités nous paraissent le meilleur refuge en attendant de retrouver une situation plus favorable.


QUELS CONSEILS DONNEZ-VOUS AUX ÉPARGNANTS QUI SONT RESTÉS INVESTIS EN ACTIONS ?
Charles-Henri Kerkhove, Fidelity : Les investisseurs doivent garder le cap en tenant compte de leurs profils de risque et leurs horizons d’investissement respectifs. Des périodes de forte volatilité peuvent être source d’opportunités pour les investisseurs. Cependant, il faut pouvoir être en mesure d’accepter la hausse de volatilité à court et moyen terme.


Enguerrand Artaz, LFDE : Pour les épargnants massivement investis en actions, avec un horizon de placement long, qui n’auraient pas réduit l’exposition de leur portefeuille à ce stade, sortir des actions serait selon nous peu pertinent aujourd'hui. Néanmoins, dans ce contexte de marché incertain, des ajustements peuvent être mis en œuvre dans la construction des portefeuilles, en favorisant les entreprises peu endettées, les secteurs les moins touchés par la mise à l’arrêt de l’économie, voire les économies émergentes qui pourraient redémarrer les premières.


QUAND FAUDRA-T-IL REDEVENIR PLUS OFFENSIF SUR LES ACTIONS ?
Charles-Henri Kerkhove, Fidelity : Il est particulièrement risqué d’essayer de définir un calendrier de prise de positions en fonction des chutes de marché. Les marchés boursiers ont connu une baisse historique le 12 mars dernier (-13%), suivi d’un rebond technique. Cependant, quelques jours plus tard, notamment le lundi 16 mars, les marchés réouvraient avec une baisse d’une ampleur similaire. Une réallocation graduelle aux actions pourrait être effectuée en fonction de l’allocation stratégique des profils de risque mais de façon mesurée.


Enguerrand Artaz, LFDE : Les diverses mesures annoncées par les États et les Banques Centrales semblent aller dans le bon sens. Elles constituent le carburant qui permettra d’alimenter une reprise. Néanmoins, nous pensons que tant qu’il n’y aura pas de données concrètes attestant d’un ralentissement net de la propagation du virus, il ne pourra pas y avoir de rebond durable des marchés actions et la volatilité extrême continuera d’être à l’ordre du jour. Dans ce contexte, nous attendrons d’avoir plus de visibilité sur l’évolution de l’épidémie avant de redevenir offensifs sur les actions.


AVERTISSEMENT : Les unités de compte comportent un risque de perte en capital. Il n’existe pas de garantie en capital des sommes investies sur ces supports. L’assureur ne s’engage que sur le nombre d’unités de compte mais pas sur leur valeur. La valeur de ces unités de compte n’est pas garantie mais est sujette à des fluctuations à la hausse ou à la baisse, dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers.

Mis à jour le 30/04/2020

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